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Une petite histoire, Canada 2022, Chris

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Chris
Message  Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Mar 31 Mai - 3:39
Chris
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Vendredi 27 mai 2022

Le voilà, il est là le jour J tant attendu, ce départ pour un nouveau voyage dont j'ai tant rêvé tandis que je luttai contre le cancer. Je crois que c'est en bonne partie ce rêve, l'envie chevillée au corps de parcourir encore le monde, de découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles personnes, qui m'a donné la force de traverser ces moments difficiles.

Je n'imaginais pas alors que cela impliquerait de quitter le magnifique appartement que j'avais la chance d'occuper à la Vallée de Joux, de me défaire de la majeure partie de mes affaires et, surtout, de partir durablement loin de ma famille, de mes amis. Mais avec une rente d'invalidité, impossible d'économiser pour voyager, il me fallait donc faire un choix : conserver mon petit confort, une certaine forme de sécurité, et laisser mon rêve s'éteindre peu à peu ; ou lâcher prise et partir arpenter le vaste monde pour un temps indéfini.

Ce matin du 27 mai, alors que mon cher frèrot m'amène à l'aéroport, mes émotions s'entremêlent si étroitement qu'il me serait difficile de les expliquer ; exaltation, joie, anxiété, tristesse, nostalgie, gratitude aussi envers mes proches (et quelques moins proches), qui m'ont aidé, qui ont compris, je crois, à quel point cette nouvelle aventure m'était nécessaire.

Et puis le voyage commence, commence véritablement, au moment où j'enregistre mes bagages, puis passe les contrôles de l'aéroport. C'est étrange, j'ai l'impression qu'un commutateur interne se tourne, à cet instant, changeant radicalement mon état d'esprit, ma façon d'aborder les choses, à commencer par les innombrables et mesquines tracasseries inhérentes à tout voyage en avion impliquant des passages de frontière.

"BIIIIIIPPPP !!!" (le détecteur du contrôle douanier sonne...)
"Venez ici Monsieur. Ecartez les bras et les jambes s'il vous plaît."

Et hop, je m'exécute avec le sourire, non sans observer avec un sérieux amusement la petite meute de fourmis, toutes pareilles dans leurs beaux uniformes soigneusement repassés et amidonnés, qui me tourne autour, cherchant ardemment la cause du BIP impromptu. Eh non, je ne cache pas de mitraillette sous mon T-shirt, ni de grenade dans mon caleçon, mais alors quoi ? Ha, ils sont perplexes, mais, surtout, surtout, fidèles au mot d'ordre : professionnels. Jusqu'au bout des ongles. Quelqu'un devrait penser à ajouter le concept de "sourire" aux points fondamentaux de ce mot d'ordre, un jour...

"Enlevez vos chaussures Monsieur, s'il vous plaît. Posez le pied gauche ici. Le gauche... voilà. Bien. Le droit maintenant. Très bien. Tendez vos mains, s'il vous plaît. Merci, vous pouvez y aller."

Eh bien non, le petit singe savant et obéissant ne peut pas. D'abord il va remettre ses chaussures et les rattacher, parce que c'est quand même plus pratique et que, sans vouloir offenser personne, il a quelques doutes sur la propreté de vos sols (rappelez-moi de mettre des tongs la prochaine fois, on gagnera du temps), ensuite il va remettre dans son sac tout ce que vous lui avez demandé d'en sortir : ordinateur, appareil photo, ordinateur de plongée et j'en passe.

Cette petite note de cynisme taquin mise à part, tout se passe dans une ambiance plutôt bon enfant, bien éloignée de celle, ostentiblement martiale, qui règne à Paris... J'adore la France, c'est un pays superbe et j'y ai rencontré plein de gens très sympathiques, mais Paris... de toutes les villes que j'ai visitées, et à force il y en a bien quelques-unes, aucune ne me hérisse tant le poil...

Petite scène de ménage Parisienne, à l'enregistrement des bagages / émission des cartes d'embarquement :

"Il me faut votre reçu AVE (autorisation électronique de voyage, pour les non-initiés), Monsieur."
"Je n'ai pas de reçu AVE, Madame, cette autorisation est directement liée à mon passeport et enregistrée dans votre système."
"Oui mais il me faut un reçu papier."
"Je n'ai pas de reçu papier."
"Alors je ne peux pas vous laisser monter dans l'avion. Mais vous devez avoir reçu un mail de confirmation de l'AVE, sur votre Iphone."
"Je n'ai pas d'Iphone, et.. (après avoir déballé l'ordinateur portable et fouillé ma boîte mail, pour le plus grand plaisir des passagers attendant derrière moi)... non, je n'ai pas reçu de mail de confirmation pour cette AVE."
"Regardez bien, vous devez avoir reçu un mail de confirmation."
"Je n'ai pas de mail de confirmation, et pas davantage de reçu papier, Madame, mais vous devez avoir cette autorisation liée à mon billet d'avion dans vos dossiers, non ?"
"Oui, je vois qu'il y a un document, mais j'ai besoin d'un reçu papier, ou d'un mail."
"Je n'ai pas de mail, ni de reçu papier, mais vous venez de me dire que vous aviez cette autorisation dans votre système, non ?"
"Oui mais il faut que vous me fournissiez un reçu papier ou un mail de confirmation. Je cherche juste à vous rendre service, Monsieur, à Munich (prochaine escale) ils ne vous laisseront pas monter dans l'avion."
"Mais je peux aller à Munich ?"
"Oui mais ils ne vous laisseront pas monter dans l'avion pour Montréal si vous n'avez pas de reçu..."
"..ou de mail, oui oui, j'ai bien compris, je vous assure. Bon, dans ce cas envoyez-moi toujours à Munich, je me débrouillerai là-bas."

Je précise que cet échange est fortement raccourci par rapport à la réalité, je pense qu'elle m'a seriné une bonne vingtaine de fois qu'il me fallait retrouver ce mail jamais reçu, ou ce reçu jamais imprimé... Mais voilà, à défaut d'être magicien capable de créer d'un claquement de doigts des documents inexistants, question tête de pioche je me pose un peu là, j'ai finalement obtenu mes deux cartes d'embarquement, et j'ai pu embarquer pour Munich, sans savoir si j'allais pouvoir aller plus loin. Arrivé à l'embarquement à Munich, le gars contrôlant les billets et autres documents a scanné mon passeport, et me l'a rendu une seconde plus tard en me disant que tout était ok... Je ne vous cache pas que j'ai poussé un grand soupir intérieur de soulagement en montant dans l'avion.

Arrivé à Montréal après plus de 15 heures de voyage, une pluie battante et la nuit tombante m'incitent à renoncer au mode de déplacement "routard", à savoir à pied, en stop voire, si vraiment, en bus. Tant pis pour les finances, je m'offre un taxi et demande au chauffeur de me déposer quelque part où il y a des hôtels pas chers, si possible du côté est de la ville pour que je puisse plus facilement partir direction Québec le lendemain. S'il me pose bel et bien dans un quartier où il y a quelques petits hôtels, le reste est visiblement passé à la trappe car je me retrouve en plein centre ville... Mais bon, il pleut des cordes, il fait nuit et je suis crevé, la priorité est de trouver un lit pour la nuit, le reste attendra le lendemain !

Le premier hôtel est du genre minable : décoration miteuse, ça je m'en accomode sans problème, et propreté plus que douteuse, ce qui passe tout de suite moins bien, surtout lorsque le type m'annonce le prix d'une chambre : 150 dollars canadiens, soit environ 120 frs suisses, ou 110 euros... alors ok, je suis fatigué, mais pas à ce point ; il pleut des cordes, mais à priori je ne risque pas de fondre et je suis bien équipé : il faut juste puiser un peu dans mes réserves d'énergie pour sortir de mon paquetage les housses imperméables pour mes deux sacs à dos, la veste de pluie, et me remettre en route.

Quelques rues plus loin, je déniche un autre petit hôtel : il est propre, et les chambres sont à moitié prix, que demander de plus ?
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Mar 31 Mai - 5:11
Chris
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Samedi 28 mai :

Le lendemain matin, sous une petite bruine printannière, je réalise que le chauffeur de taxi de la veille m'a en fait posé à l'endroit idéal : la gare d'autobus de Montréal est à quelques pas de l'endroit où il m'a déposé ! Et si mes quelques périples précédents m'ont appris une chose, c'est que sortir d'une grande ville en stop est toujours compliqué. La région entre Montréal et Québec est très peuplée, il y a plein d'intersections partout, de bourgades intermédiaires et, à moins d'avoir un panneau pour indiquer sa destination, il faut vraiment un coup de chance, ou beaucoup de temps et plusieurs véhicules, pour faire le trajet. Le temps je l'ai, mais je sais aussi qu'à se faire poser n'importe où dans ce coin, le risque est de se retrouver à devoir loger dans le seul hôtel ou motel à portée de marche, ce qui peut engendrer de mauvaises surprises au niveau des prix, d'autant plus qu'ils ont rudement augmenté de manière générale.

Je me rends donc à la gare d'autobus pour voir s'il y a moyen de partir rapidement vers l'est, il faut dire que je ne tiens pas plus que ça à faire de vieux os à Montréal, même si la ville est somme toute plutôt sympa une fois qu'on l'a un peu apprivoisée. Mais même s'il y a eu pas mal de changements, j'y suis déjà passé plusieurs fois et une mégapole à l'américaine n'est clairement pas ce que je suis venu chercher dans ce pays.

"Bonjour, vous avez un bus qui part aujourd'hui pour l'est ?"
"Euh... vous voulez allez où ?"
"C'est égal : Québec, Tadoussac, Baie-Comeau, Sept-îles... du moment que c'est vers l'est..."

L'employé un peu perplexe farfouille dans son ordinateur et finit par me proposer un billet pour Sept-îles, avec un changement et une nuit d'attente à Québec, ville dans laquelle j'arriverais à plus de 23h en suivant son plan. Vu l'heure matinale, il y a bien des bus qui arriveraient beaucoup plus tôt à Québec, mais leur système informatique refuse opiniâtrement d'émettre le billet pour Sept-îles avec une autre correspondance que celle qu'il m'a proposée en premier... vive l'informatique ! Et les employés malins... il faut que je lui suggère d'émettre un premier billet jusqu'à Québec, départ quelques minutes plus tard, et un deuxième de Québec à Sept-îles le lendemain, sur le même bus qu'il me proposait initialement pour que, Ô miracle, le problème disparaisse comme par enchantement. Dix minutes plus tard me voilà en route pour Québec, où j'arrive du côté des 14h, sous un soleil radieux.

Tous les hôtels proches de la gare de bus sont complets, ou vraiment hors de prix (il y a tout de même un réceptionniste, serviable et tout, qui m'a proposé un hôtel "bon marché" ayant des chambres libres à... 550 dollars la nuit... affraid comme quoi nous n'avons pas tous la même notion du "bon marché"...). Deux hôtels complets plus loin, un autre réceptionniste, tout aussi aimable et serviable, me dégotte une chambre libre dans un petit hôtel de la vieille ville, à un prix tout à fait raisonnable. Je me demande un peu quelle est l'embrouille, vu que la vieille ville de Québec est vraiment très touristique et qu'en principe les hôtels devraient y être plus chers... à moins d'être vraiment miteux ?

Il n'y a qu'une façon de le savoir : gravir la colline et aller voir. C'est à ce moment que je réalise que mes sacs sont quand même rudement lourds, et que la colline en question est bien plus haute que dans mes souvenirs... Mais l'effort en vaut largement la peine, la vue sur le Saint-Laurent est spectaculaire, le chemin des remparts avec ses vieux canons encore en place est joliment aménagé et la vieille ville est super sympa, festive et chaleureuse. Cerise sur le gâteau, l'hôtel s'avère tout simplement magnifique : il se situe dans une ancienne maison de 1880 parfaitement entretenue, à deux pas du château Frontenac et avec une vue imprenable sur le fleuve en contrebas. C'est propre, confortable, et l'accueil est d'autant plus convivial que le propriétaire et moi partageons une passion commune : la pêche ! J'en profite pour glâner quelques précieuses informations sur la région où je compte bien aller me perdre quelques temps, au nord de Baie-Comeau, un coin qu'il connaît visiblement comme sa poche.

C'est en me balladant dans cette jolie ville, que je connais un peu pour l'avoir arpentée bien quelques fois, que je réalise que ça y est vraiment : je suis au Canada, dans ce pays que j'aime tant, dans lequel je rêve de retourner depuis le jour où je l'ai quitté à la fin de mon dernier voyage là-bas. Mais cette fois est un peu différente : je n'ai pas de billet de retour, et plus de maison derrière moi. Chez moi, c'est l'endroit où je me trouve, à l'instant présent, et ça change passablement la donne. En tout cas il y a une chose dont je suis sûr : une partie de moi appartient profondément à cette terre, je l'aime et je sens que, quelque part, elle me le rend.

La journée s'achève sur un magnifique repas gastronomique dans un restaurant Amérindien : un très beau cadre, une cuisine moderne revisitant avec beaucoup de goût d'anciennes recettes des 11 Nations, un service irréprochable, voilà une adresse à conserver précieusement !
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Mer 1 Juin - 23:36
Chris
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Dimanche 29 mai

La journée est dédiée au trajet de Québec à Sept-îles, environ 650 kms séparent les deux villes et il faut, en théorie, près de 9h de bus pour faire la route.

Les paysages sont magnifiques, les Laurentides (chaîne de montagnes) semblent s'étendre à l'infini vers l'intérieur des terres, de plus en plus sauvages à mesure que l'on s'éloigne de Québec, et se jettent dans le fleuve Saint-Laurent en formant d'innombables baies et criques. Quantité de rivières plus ou moins conséquentes rejoignent le fleuve, beaucoup forment de belles cascades visibles depuis la route, dont les impressionnantes chutes de Montmorency toutes proches de Québec. Etonnante nouveauté depuis mon dernier passage en 2006 : ils ont construit un téléphérique allant du bas des chutes jusqu'au sommet, quelques 83 mètres plus haut. Cela offre sans doute une vue spectaculaire pour les touristes, mais quel dommage pour le paysage...

C'est sur le ferry de Tadoussac, qui traverse la rivière Saguenay, qu'un petit imprévu nous tombe dessus : impossible de desserrer le frein de parcage du bus... nous voilà donc coincés à bord, le bus immobilisé en plein milieu du ferry causant une belle pagaille à chaque chargement/déchargement. Après une heure à tenter de résoudre le problème par ses propres moyens, le chauffeur se décide à appeler sa compagnie, verdict : ils renvoient un autre bus depuis Québec, à près de 3 heures de route de là... Peu importe en ce qui me concerne, il fait grand beau, les paysages sont magnifiques et j'ai tout le temps, autant profiter de cette croisière imprévue et gratuite, tant qu'à faire !

Bon, il y a un petit revers à cette jolie médaille : il est quasiment minuit lorsque le bus me dépose à Sept-îles, et il est dimanche. Autant dire que le choix du logement est limité, surtout avec un budget un peu serré. Je finis par m'installer dans un hôtel 3 étoiles, le moins cher de ceux qui se trouvent à portée de marche, mais même si le prix reste à peu près acceptable, pas question de m'éterniser là !

Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Mer 1 Juin - 23:49
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30 mai au 1er juin

J'ai trouvé un hébergement bien plus abordable, et autrement plus sympa : la charmante auberge de jeunesse de Sept-îles, qui met à disposition une cuisine toute équipée et une buanderie, voilà qui convient tout de suite mieux à mes finances !

Après avoir exploré tous les vendeurs de voitures d'occasion de la ville (et parcouru plusieurs dizaines de kilomètres à pied, les villes canadiennes ne sont absolument pas prévues pour les piétons) j'ai trouvé ce qui me semble être une bonne occasion. Mais les choses se gâtent lorsqu'il s'agit de contracter une assurance responsabilité civile, toutes mes tentatives auprès de diverses compagnies se soldent pas un échec : impossible de s'assurer sans résidence au Québec... (un petit clin d'oeil au passage à mon frangin, qui doit se souvenir d'une aventure similaire du côté du Guatemala. Rolling Eyes )

Nouvelles tentatives en vue demain, mais ça sent clairement le changement de plan.
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Ven 3 Juin - 3:44
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Jeudi 2 juin

A force de démarches, et grâce aux conseils finauds d'un jeune Guadeloupéen fraîchement immigré dans le coin, je suis parvenu à contracter l'assurance souhaitée ! Je devrais entrer en possession de ma nouvelle petite auto lundi prochain, sauf imprévu. Affaire à suivre...

Plus je découvre la petite auberge de Sept-îles, plus je l'apprécie. Les gérants et employés sont super sympas, grâce à leur gentillesse j'ai pu profiter d'un vélo cet après-midi et sortir enfin un peu de la ville pour aller découvrir les plages situées à l'est. 30 ans que je n'étais pas monté sur un vélo, eh bien on a beau dire que ça ne s'oublie pas, je n'étais pas trop à l'aise au début... Heureusement pour moi, le parcours était facile et agréable, ils ont créé des pistes cyclables à double sens séparées de la route par une rangée d'arbres pour accéder aux plages, vraiment chouette !

Quel plaisir de retrouver les odeurs de la nature dans ce coin de pays, et que j'ai hâte de pouvoir aller m'immerger dans les immensités sauvages du nord ! En attendant, les plages proches de la ville sont très belles, et presque désertes ; A ce niveau le Saint-Laurent est si large qu'on n'en voit absolument pas les côtes opposées, et l'eau est déjà salée. C'est la saison de la pêche au capelan, un petit poisson sembable à l'éperlan qui envahit les eaux peu profondes des côtes à cette période de l'année. Ils se pêchent à l'épuisette et sont ensuite plongés dans une panure épicée et frits, ça se grignotte comme des chips, froids ou tièdes, et c'est excellent !
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Sam 4 Juin - 2:44
Chris
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Vendredi 3 juin

Après quelques jours passés à tenter de me dépêtrer dans les méandres (presque aussi insondables que chez nous) de l'administration Québecoise, ça y est : en principe je devrais récupérer ma voiture lundi, assurée et avec des plaques !

Le temps était magnifique aujourd'hui encore, et comme tous les jours depuis que je suis arrivé dans ce coin il vente assez fort, comme c'est toujours le cas à cette période de l'année paraît-il. J'ai profité du vélo qui m'a été prêté pour aller faire une bonne ballade en longeant les côtes du Saint-Laurent du côté ouest de la ville, avec pour objectif d'aller voir la rivière Sainte-Marguerite qui, sur le plan, paraissait assez proche. Le plan en question n'étant pas muni d'une échelle de distances, j'ai réalisé au bout d'un bon moment de pédalage que la notion d'assez proche était toute relative... du moins pour quelqu'un comme moi qui n'ai pas du tout l'habitude de me déplacer à vélo. J'ai fini par m'arrêter en croisant la tumultueuse rivière des rapides, au quart du trajet initialement prévu, histoire d'être sûr de pouvoir faire le chemin du retour...

Ce cours d'eau est à peine mentionné sur la carte de la région, et pourtant c'est loin d'être un ruisseau ! J'ai déniché un sentier qui m'a permis de remonter de magnifiques gorges assez encaissées, la rivière y dévale en grondant avec une force impressionnante, avant de  prendre ses aises en amont où elle atteint parfois plus de 30 mètres de large. J'ai tenté de pêcher un peu, mais l'accès est rendu très difficile par la végétation et le courant est vraiment costaud, même dans les endroits semblant à peu près calmes. J'ai renoncé après avoir perdu deux leurres, un dans les branches et un dans les cailloux du fond de la rivière... Rolling Eyes  la belle truite fraîche ne sera pas pour aujourd'hui ! Tant pis, cette superbe rivière valait largement le détour et la ballade était magnifique.

Anecdote qui m'a bien fait rire : la tenancière de l'auberge de Sept-Îles a travaillé dans un hôtel du Brassus voilà bien des années de ça, c'était vraiment très cocasse de l'entendre imiter notre bon vieil accent de la Vallée de Joux! Very Happy
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Elisabeth Dim 5 Juin - 13:35
Elisabeth
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Génial de recevoir ces nouvelles, pleins d'humour.
Heureusement que ton cher frérot a passé hier et nous a
signalé que tu avais écrit presque tous les jours!!
Je ne suis pas encore à l'aise avec l'informatique.
L'histoire de la dame qui a travaillé au Brassus, cela paraît vraiment dingue... Gros becs Maman
xxx
Ah bravo pour le récit très positif et de savoir que tu savoures la découverte de cette belle région. Peut-être que les Editions Cabédita publierons ta belle prose. (!!!!!!!)
Bises Papa
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Jeu 9 Juin - 21:03
Chris
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Du 4 au 9 juin

Journées tranquilles, à découvrir les différentes rivières et quelques lacs de la région. Il pleut depuis le 7 juin, la température se maintient entre 8 et 12 degrés durant la journée et le vent reste fidèle au poste.

Super soirée le 4 juin, en compagnie d'une troupe de théâtre venue de Montréal, dont un Innu super sympa nommé Charles. Belle occasion d'en apprendre un peu plus sur les traditions et savoirs de ce peuple, c'était vraiment très intéressant. J'ai maintenant la recette pour fabriquer la colle servant à étanchéifier les canots d'écorce de bouleau (écorce à récolter au printemps, c'est à ce moment qu'elle se détache facilement de l'arbre) : résine d'épinette et graisse d'ours. Il faut la chauffer pour faire le mélange, mais sans la porter à ébulition si on compte la conserver ; une fois que le mélange a bouilli il durcit en refroidissant et n'est donc plus réutilisable. Plus qu'à aller chasser l'ours... et à apprendre à fabriquer le canot. geek

Fait un peu moins gai, le dernier artisan Innu qui fabriquait encore des canots selon la méthode traditionnelle est décédé récemment, ce savoir risque donc fort de disparaître, en admettant que ce ne soit pas déjà le cas.

Sinon, j'ai compris pourquoi la belle rivière des rapides, que je trouvais bien costaud, n'était pas sur les cartes du coin : la rivière Moisie qui, elle, est indiquée, fait cent bons mètres de large, elle doit avoir trente ou quarante fois le débit de ce "ruisseau" que je trouvais si impressionnant...  Une petite histoire, Canada 2022, Chris 1f636
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Sam 11 Juin - 2:24
Chris
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Vendredi 10 juin

Il pleut des cordes, il vente et il fait frais, voilà qui nous change de ces derniers jours... Rolling Eyes Le temps devrait s'améliorer durant la nuit, à voir car la météo semble vraiment capricieuse dans le coin.

J'en ai profité pour compléter mon équipement en vue de mon "expédition" dans le nord sauvage : matériel de cuisine, réchaud, quelques habits plus adaptés à la région, bâche et cordelette, il ne me manque plus grand chose. J'ai prévu de redescendre sur Baie-Comeau dimanche, d'y dormir une nuit afin de pouvoir acheter les victuailles nécessaires lundi matin, puis de partir dans les immenses étendues sauvages du nord via la route 389. Je pense prévoir un premier séjour relativement modeste de 7-10 jours, histoire de voir comment ça se passe, s'il me manque des choses indispensables et si la cohabitation avec les ours est gérable. What a Face

Itinéraire prévu : depuis Baie-Comeau, route 389 jusqu'au relais routier Manic-Outardes, et prendre la piste en direction de l'ouest qui débute juste avant ledit relais, jusque à rejoindre les rives du vaste lac de barrage Outarde 4 :


Route générale depuis Baie-Comeau



Piste depuis le relais Manic-Outardes
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Mar 28 Juin - 0:15
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Samedi 11 juin, dimanche 12 juin

Après une journée tranquille samedi, j'avais prévu de quitter Sept-Îles dimanche matin, mais le plan a quelque peu changé à la dernière minute ; voyant Elena (la future gérante de l'auberge de jeunesse de Sept-Îles) s'échiner à désherber la cour alors même que c'était son jour de congé, j'ai décidé de l'inviter plutôt à aller faire une balade, histoire de lui changer les idées et de profiter encore un peu de sa très agréable compagnie.

Nous avons donc été vadrouiller sur les magnifiques plages de l'embouchure de la rivière Moisie, puis sur les vastes dunes de sable formées par la rivière un peu plus en amont. Un coup de fil d'Alice, l'une des locataires de l'auberge, demandant à être rapatriée de Port-Cartier à Sept-Îles nous fera faire un peu de route imprévue et visiter Port-Cartier, sympathique petit village dans lequel je ne m'étais pas arrêté en montant. Nous en profitons pour découvrir la manifique rivière aux rochers et ses impressionnantes chutes, avant de retourner à Sept-Îles et de nous offrir un petit resto situé sur le port et axé sur les produits de la mer. C'est un peu en mode fast-food, mais cela fait tout de même plaisir de manger un peu de homard dans la région !

S'ensuite une soirée très sympa, et bien arrosée, avec Elena et un couple de Montréalais rencontré une semaine plus tôt alors qu'ils montaient direction Natashquan ; la chance est avec moi, pas question de prendre le volant après ces quelques verres et, si l'auberge est censément complète, un désistement de dernière minute m'offre une chambre confortable alors que je m'apprêtais à dormir dehors, dans le hamac de la cour.

Lundi 13 juin

Cette fois c'est bel et bien parti direction Baie-Comeau, non sans un petit pincement de coeur à l'idée de quitter cette auberge géniale et les gens sympathiques et attachants que j'ai eu la chance d'y rencontrer. Si Pacha Mama le veut, je reviendrai...

Le voyage jusqu'à Baie-Comeau se déroule sans encombres et je trouve un motel quelque peu défraîchi mais abordable où loger : le Motel des Rosier.
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Mar 28 Juin - 0:43
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Mardi 14 juin

Quelques courses de dernière minute, principalement de denrées périssables, le plein d'essence et en route pour le nord ! Arrivé au relais Manic-Outardes, à environ 100 kms de Baie-Comeau, je cherche quelqu'un pour me renseigner un peu sur l'état de la piste et sur le coin en général. Peine perdue, le relais est fermé et à vendre... mais dans le même temps ils cherchent plusieurs employés, allez comprendre... Tant pis, je tente quand même !

Ô bonheur, le temps s'améliore et c'est un beau ciel bleu qui s'installe. Je tournique un moment, quelque chose comme deux heures, sur des pistes forestières. L'état de certaines me contraint parfois à faire demi-tour, la pluie de ces derniers jours a fait quelques ravages sur ces chemins peu entretenus, mais je finis par trouver un accès relativement proche du lac. Dans le coin, ce n'est pas la peine d'essayer de parcourir quelques centaines de mètres dans la forêt, lorsqu'elle n'a pas été éclaircie (pour ne pas dire sabrée) par les bûcherons : dans la plupart des cas c'est totalement impraticable, même la machette ne suffit pas à se frayer un passage.

Je parviens sans trop de mal sur les rives du lac, grâce à une coupe forestière que, pour une fois, je ne critiquerai pas trop. What a Face Trouver un emplacement correct n'est pas aussi simple qu'il y paraît : c'est un lac de barrage, sujet à des variations de niveau, donc pas question de planter sa tente juste au bord de l'eau. Comme le lac est assez bas, ça laisse un bon espace avant le mur de la forêt, mais la majeure partie de cette bande de terre est recouverte de cailloux, ou faite de roche. Je finis tout de même par dénicher un coin qui me semble correct : assez haut pour être à l'abri d'une montée des eaux, sol sablonneux, un peu abrité du vent du fait de sa position au fond d'une crique, et du bois sec à profusion. Seul point noir à ce tableau idyllique : il y a une quantité impressionnante d'empreintes d'orignaux aux alentours, dont une piste évidente située à quelques mètres à peine de l'endroit où je pense planter ma petite tente. Tant pis, ce sera là tout de même, je ne vois pas de meilleur endroit à proximité, espérons que la cohabitation se passe bien !

Deux bons portages plus tard, je réussis à monter ma tente (pour la première fois, c'est là que je me suis dit que j'aurais pu la tester un peu avant...) et à allumer un bon feu. Heureusement que j'ai eu le bon sens d'écouter les conseils d'une connaissance de Sept-Îles : j'ai acheté une veste filet, qui me protège plutôt bien de l'infernale nuée de mouches noires et autres maringouins ! Ce serait littéralement invivable sans ça, et même avec, ça ne va honnêtement pas tout seul. Le soir, une bonne platée de fèves au lard devant un somptueux coucher de soleil me conforte dans l'idée que j'ai bien fait de venir, d'autant plus que j'ai droit à la visite d'un joli rat musqué qui fait des ronds dans l'eau devant moi pendant un moment.
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Mar 28 Juin - 0:54
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Mercredi 15 juin

J'ai eu droit à une bonne grosse montée d'adrénaline durant la nuit : quelque chose de gros, de très gros, s'est approché de ma tente, soufflant et reniflant, avant d'aller se baigner dans l'estuaire tout proche d'un ruisseau. Ours ou orignal ? Ambiance ambiance... Il finit par s'éloigner, mais il me faut un sacré moment pour me détendre et m'endormir ou, plus exactement, somnoler.

Au réveil, j'examine les traces fraîches autour de ma tente : orignal, sans le moindre doute, et pas un petit au vu de l'ampleur de ses empreintes. J'éprouve un certain soulagement de constater que mes quelques affaires sont intactes : la glacière contenant la nourriture est suspendue à un arbre à une trentaine de mètres du camp, mais la caisse avec mes ustensiles de cuisine, réchaud etc... était simplement posé entre la tente et une grosse souche, relativement à l'abri aussi mais... on ne sait jamais. Après un bon café, je tente de pêcher un peu, histoire de voir ce que vaut le coin à ce niveau. Après tout je compte un peu sur ma pêche pour manger, cela a donc son importance. Quinze minutes plus tard, je sors de l'eau un joli "petit" brochet, d'une soixantaine de centimètres environ. Cela a beau être un jeune freluquet pour l'espèce, et tout particulièrement pour cet immense lac très peu pêché qui abrite de vrais colosses, il me faudra tout de même trois repas pour en venir à bout.

L'après-midi, je profite du beau temps pour aller me balader un peu sur les rives du lac. Le soleil cognant fort, je me pose dans un coin à l'ombre, et enlève mes chaussures comme un benêt bien tranquille habitué à nos gentillettes forêts Suisses. Quelques minutes plus tard, une ourse noire et son ourson débarquent subitement de derrière un amas de rochers, à moins de quinze mètres de moi ! J'ai bien cru que mon coeur allait s'arrêter de battre et me suis dit intérieurement que j'étais dans de fichus beaux draps, pour dire les choses poliment...

J'ai renfilé mes chaussures en mode urgence et je me suis levé sans gestes brusques pour reculer lentement sans quitter l'ourse des yeux. J'en ai été quitte pour une belle frousse, l'ourse a remarqué ma présence alors qu'elle était à moins de dix mètres de moi et, avec une espèce de petit couinement inquiet et désolé, elle a filé dans les fourrés à la suite de son ourson. Autant dire que j'ai déguerpi sans demander mon reste, et en surveillant prudemment mes arrières à tout hasard... Il m'a fallu un moment pour encaisser cette rencontre et être en mesure d'en apprécier toute la beauté, mais il n'empêche que, de retour à mon campement, je me suis empressé d'ériger une barricade de sapins morts enchevêtrés pour me protéger un tantinet. J'ai aussi construit un abri sommaire avec la bâche, autant pour me faire un coin d'ombre que contre la pluie, me disant que ce serait beaucoup moins rigolo à faire sous un déluge et avec un vent à décorner les orignaux. rendeer

Le soir, devant un bon feu, j'ai eu la chance de voir une mère orignal et ses deux faons à moins de cinquante mètres, c'était superbe ! Je me suis tout de même réfugié sur un gros rocher à tout hasard, l'orignal a beau être un paisible herbivore, il n'en cause pas moins chaque année plus de morts que les ours au Québec. Mais là encore, elle a préféré faire demi-tour et s'éloigner au petit trot lorsqu'elle m'a vu.

Je savoure vraiment ces deux extraordinaires rencontres, mais je dois bien avouer que je ne suis pas complètement serein de savoir toutes ces grosses bestioles aussi proches de moi. La journée c'est une chose, on y voit clair et on peut réagir correctement, essayer du moins, mais c'est une toute autre affaire durant la nuit : que faire si un bon gros nounours décide de venir jouer avec la tente au milieu de la nuit ? Ou qu'un orignal curieux se met en tête de piétiner un peu ce truc étrange de toile tout proche de son chemin habituel ? J'espère franchement ne jamais avoir à le découvrir... mais ce qui est certain c'est que la nuit, ici, n'est pas du tout sereine, en tout cas en ce qui me concerne. Je réaliserai un peu plus tard qu'une  espèce de mode "vigilance" s'est mis en route, inhabituel, et que le moindre bruit sortant de l'ordinaire me réveille instantanément.
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Mar 28 Juin - 1:44
Chris
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Jeudi 16 juin

Le temps s'est bien couvert, et le vent s'est levé. J'ai renforcé l'arrimage de ma bâche et stocké une bonne provision de bois au sec. Deux grands vols d'outardes sont passés en criant à qui mieux-mieux. Plus surprenant, j'ai aussi aperçu un bateau, au loin. Non loin de mon camp, à une centaine de mètres environ, je découvre de nouvelles empreintes d'ours, toutes fraîches ; la faune est bien présente dans le coin, cela ne fait pas le moindre doute ! C'est à la fois merveilleux et un peu inquiétant, il faut s'y habituer je suppose... En tout cas le lieu est vraiment superbe et je me régale, ça fait du bien de se reconnecter à la nature, même si la transition est peut-être un chouïa abrupte ! Razz

J'ai testé quelques techniques de pêche : vers de terre et bouchon, leurres rapala, sans aucun succès. La cuillère argentée est clairement ce qu'il y a de plus efficace ici, mais j'évite à dessein de l'utiliser parce que je réalise, après ces premiers jours ici, que j'ai des provisions pour près d'un mois... bon, la quasi totalité n'est pas périssable, ce sont des aliments secs ou en conserve, mais quand même, j'ai vu grand ! D'autre part il m'est impossible de conserver le poisson plus de quelques heures, dès que le soleil brille il fait trop chaud. En parlant de soleil, il disparaît en milieu de journée et, dès 16h environ, il se met à pleuvoir des cordes ; la température chute illico de 10-15 degrés, et je réalise très vite que mon installation avec la bâche est à revoir : le vent est capricieux, et suivant dans quel sens il souffle, mon abri n'offre vraiment pas assez d'espace au sec.

Il a tout de même suffit pour me permettre d'allumer aisément un feu, grâce au bois entreposé à l'abri, lorsque la pluie s'arrête aux environs de 20h. Je teste pour la première fois mon réchaud, qui fonctionne parfaitement. C'est une bonne sécurité de l'avoir, il fait vraiment frais et la pluie n'est visiblement pas décidée à s'arrêter plus longtemps.
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Mar 28 Juin - 1:57
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Vendredi 17 juin

Il a plu toute la nuit, et pas à moitié. La tente tient parfaitement le coup et j'ai eu le plaisir de découvrir un grand ciel bleu lorsque je me suis réveillé. Après le traditionnel café du matin, je me suis empressé de modifier mon abri en fonction de ce que j'ai appris sur la météo du coin. A peine ai-je terminé de réinstaller tout ça qu'un nouveau déluge s'abat, et cette fois c'est beaucoup mieux ! J'ai dorénavant un bon espace au sec, d'où que vienne le vent, et c'est dans de bonnes conditions que j'ai pu me concocter un plat de pâtes au pesto de tomates. Il n'y a pas à dire, ça fait du bien de manger chaud, et plus encore un plat qui tient un peu au corps !

Un orage bien costaud a suivi les "ondées", je suis vraiment content d'avoir un bon abri qui me permet de vaquer dehors quel que soit le temps, la tente étant vraiment petite pour y passer la journée entière. Je ne me lasse pas du paysage, changeant radicalement d'atmosphère selon le temps, mais toujours magnifique. Au coucher du soleil, j'ai eu droit à un incroyable concert de chants d'oiseaux, sans commune mesure avec leurs chants des jours précédents, c'était vraiment magique ! Par ailleurs, il me semble que la faune a intégré ma présence dans le coin, les différents animaux aperçus durant les premiers jours sont devenus invisibles et il n'y a plus de traces fraîches tout près de ma tente. Je ne peux pas dire que j'en sois vraiment contrarié, même si c'était superbe de les voir. Pas question en revanche de relâcher ma vigilance, la rencontre déchaussée avec l'ourse a été une bonne leçon que je ne suis pas prêt d'oublier...
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Mar 28 Juin - 2:27
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Samedi 18 juin

Ce matin, le ciel a ouvert les vannes en grand, il pleut des cordes et un vent du nord glacial souffle tempêtueusement. Il fait froid, assez pour que mon souffle fasse de la buée lorsque j'expire. Une chance que je sois bien équipé, mais quand même, je reste au chaud sous la tente jusqu'à ce que ça se calme un peu, en fin de matinée. Je profite de l'accalmie pour galoper jusqu'à la voiture afin de récupérer deux bouteilles de gaz pour le réchaud, histoire de pouvoir me cuisiner des repas chauds et préparer thé ou café même s'il continue de pleuvoir ces prochains jours.

L'après-midi s'avérant un peu plus clément, j'améliore tranquillement mon bivouac et vais pêcher un peu. Deux lancés et un joli brochet, à peu près de la même taille que le précédent, sort de l'eau. Comme il n'est pas blessé, je le remets délicatement à l'eau : c'est un très bon poisson, mais c'est une vraie galère à préparer avec ses arêtes ramifiées, est-ce qu'il n'y aurait pas plutôt une truite dans le coin ? Visiblement pas, ce sera donc croque-monsieur rôti sur le feu au menu !

Le soir, autour d'un bienfaisant feu de camp, j'admire un extraordinaire coucher de soleil : du jaune clair au pourpre, en passant par tous les orangés et violets imaginables, c'est vraiment de toute beauté !
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Mar 28 Juin - 3:38
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Dimanche 19 juin

Le beau temps est revenu, il fait encore très frais le matin car un solide vent du nord s'époumone encore. J'occupe la journée avec une petite lessive, puis un peu de pêche qui, pour changer, me gratifie d'un... petit brochet. Celui-là finira à la casserole, puisque mesdames les truites refusent obstinément de croquer mon leurre ! Ses filets soigneusement levés et toutes les arêtes extripées, je les fais rissoler à la poële avec juste un peu de sel : un régal !

La température s'adoucit un peu en fin de journée et, avec ce redoux, reviennent en force ces vilaines teignes de mouches noires. Je suis un peu moins patient avec elles qu'au début, sans doute en partie parce que j'ai fumé ma dernière cigarette la veille au matin.

Lundi 20 juin

La nuit a été glaciale, mon petit sac de couchage ne suffit clairement pas à me tenir au chaud. Par bonheur, j'avais glissé dans mon sac à dos un excellent pull thermique et, ajouté à un gros pull et à une veste polaire, ça va tout juste. J'apprendrai par la suite que les températures ont frôlé le zéro ces deux derniers jours, pas étonnant que j'aie eu l'impression qu'il faisait vraiment frisquet !

Le vent est totalement tombé pendant la nuit et, avec le froid, cela a engendré un silence sépulcral tout à fait flippant. Plus un seul chant d'oiseau, pas une feuille qui bouge, pas un insecte qui bourdonne... une atmosphère étrange, vraiment, a régné cette nuit.

Je termine mon brochet de la veille et hésite un peu à retourner pêcher : j'essayerai bien d'attraper autre chose, j'ai repéré un ou deux coins susceptibles d'être fréquentés par d'autres espèces, truite, touladi, ouananiche (espèce de saumon demeurant en eau douce à l'année), mais je redoute un peu d'exploser ma petite canne démontable. La dernière fois que j'ai pêché dans ce type d'endroit sur ce lac, un poisson inconnu m'a éclaté une tresse (type de fil de pêche tressé, beaucoup plus solide qu'un fil nylon à diamètre équivalent) prévue pour résister à plus de 25 kgs... j'ai le même fil sur mon moulinet actuellement, mais ma canne rompra bien avant, j'ai déjà l'impression qu'elle est un peu à ses limites avec les petits brochetons... et puis, aussi et surtout, que ferais-je d'un poisson de plusieurs kilos alors que je suis seul et que je n'ai aucun moyen de le conserver ?!

Au final, j'en viens à penser que c'est première expérience m'a appris passablement de choses en vue d'une aventure plus longue en pleine nature et que, en l'état, je n'ai plus grand chose à tirer de ce séjour, hormis bien évidemment le plaisir d'admirer ce lieu merveilleux. Un séjour plus long ouvrira, je pense, d'autres perspectives : il deviendra utile de s'installer plus concrètement, de construire certaines structures de base : éventuellement murs de rondins pour soutenir les bâches et protéger des ours / orignaux, s'il est bien conçu ça permet aussi de faire un feu à l'abri de la pluie ; un banc, une table, un fumoir à poissons, bref tous ces "petits" aménagements qui rendent une installation en milieu sauvage plus vivable sur la durée et qui sont super intéressants à réaliser. L'essentiel, de mon point de vue, étant avant toute chose de s'arranger pour pouvoir dormir sans devoir être en permanence aux aguets. Le second point étant de s'occuper, ça semble idiot dit comme ça mais je pense que c'est vraiment important. Là par exemple, mon camp est monté et je ne peux pas faire grand chose de plus, soit que je ne sois pas outillé soit que les installations prendraient plus de temps à réaliser que je n'ai prévu de rester. Le bois sec se ramasse à la pelle (enfin... quand il ne pleut pas  Rolling Eyes ), il suffit de se baisser. Pêcher du poisson pour 2-3 repas prend plus ou moins un quart d'heure. Et ensuite il ne reste plus qu'à explorer un peu les alentours, mais s'éloigner longuement de son camp est risqué s'il n'est pas protégé contre les bestioles. Admirer le paysage, certes, mais les journées sont longues quand on se réveille à l'aube, vers 5h00, et qu'on se couche avec le soleil, vers 21h. S'occuper, donc, surtout quand on est en plein sevrage nicotinien.  lol!

Notes :

-Prévoir deux bâches de 3x4m, de la cordelette en suffisance et une bonne poignée de clous.
-Prévoir une hache, la machette ne suffit pas à tailler des troncs ou fendre de grosses bûches.
-Prévoir sac de couchage vraiment efficace, canne à pêche costaud.
-Prévoir lanterne à gaz.
-Prévoir 2 morceaux de cuir solide env.10x10 cm (charnières de porte)
-Conservation du poisson : tester le fumage. Solution de secours : salage.
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Elisabeth Mar 28 Juin - 14:25
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Eh bien, écrire paraît une "occupation qui t'occupe"!!
Sculpture sur bois? tressage d'écorces? Tissage de poils d'ours?
Tu n'avais pas pris de livre à apprendre par coeur?
Mais je te taquine... et t'embrasse




Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Mar 28 Juin - 15:36
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Tiens, je n'avais pas pensé au tissage en poils d'ours, ça doit être pas mal pour se tenir chaud ! Une petite histoire, Canada 2022, Chris 1f60f
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Mar 28 Juin - 16:21
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Mardi 21 juin

Après un réveil très matinal, un peu avant l'aube, je plie mon camp et rapatrie le matériel à la voiture, ce qui n'est pas une mince affaire, avant de reprendre la route pour Baie-Comeau. Je retrouve le motel des Rosiers,  toujours vieillot et quelque peu décrépi mais abordable et pratique de par son emplacement. Je suis crevé et, après un bref passage sur internet, m'offre une longue nuit de sommeil. C'est vraiment reposant de ne pas avoir à rester en état de vigilance constante, un état que l'on a largement oublié dans notre mode de vie habituel.

Mercredi 22 juin

Jour de repos et de lessive, ça tombe bien il y a une buanderie publique à deux pas du motel. Je commence aussi à me renseigner un peu sur le Labrador, une région que je n'ai jamais eu l'occasion de visiter et qui semble superbe.

Jeudi 23 juin

C'est reparti, direction Fermont cette fois. La route 389, la seule qui relie le Labrador au reste du monde, tournique beaucoup et toute une portion avant le réservoir Manicouagan (surnommé l'oeil du Québec, 3ème plus grand cratère météoritique du monde, sauf erreur de ma part) est une simple piste non goudronnée. Les pluies abondantes et inhabituelles de ces derniers temps n'ont pas arrangé son état mais, à condition de rouler tranquillement, ça passe plutôt bien. Les paysages sont aussi somptueux que dans mes souvenirs de 2006, et le relais Gabriel, seule station-service sur le trajet, n'a pas changé d'un iota : c'est miteux, crasseux, délabré et complètement hors de prix. Leur "cantine" pue le vieux graillon douteux, bref, de beaux escrocs règnent encore et toujours en ce triste mais malheureusement incontournable lieu. Faute de trouver un emplacement de camping valable, les rares places prévues pour étant occupées, et devant la menace bien présente de grosses averses, je décide de dormir dans la voiture. ça ne vaut pas un vrai lit, mais les sièges s'inclinent bien et c'est tout à fait acceptable pour y dormir de temps en temps.

Vendredi 24 juin

Après les milliers de lacs enchanteurs et de belles rivières du nord de Duplessis (nom de la région au nord de Baie-Comeau), ce sont les affreuses et colossales mines des alentours de Fermont qui accueillent les visiteurs au Labrador. Je savais qu'il existait d'immenses mines au Canada, mais il faut les voir de ses yeux pour réaliser leur gigantisme et leur laideur. En passant, j'ai une petite pensée attristée, en forme d'excuse, pour Pacha Mama...

La route 389 prend fin entre Fermont et Labrador City, deux villes minières sans aucun intérêt de mon point de vue. C'est la route 500, la Trans-Labrador, qui prend ensuite le relais et, comme c'est l'unique route qui traverse la région d'est en ouest, il n'y a pas grand risque de se tromper... C'est vaste, très vaste, et il y a bien plus de reliefs que ce à quoi je m'attendais. Après plusieurs heures de route, je profite d'une petite halte pour aller admirer les chutes Hamilton, et le profond canyon (nommé canyon de l'arc) que la rivière a creusé, non loin de Wichita Falls. C'est magnifique, et saturé de mouches noires et autres moustiques...

Il est plus de 22h lorsque j'arrive finalement à Happy-Valley - Goose Creek, non sans avoir eu la chance de pouvoir voir (et surtout photographier) un splendide ours noir de tout près. Je m'arrête dans le premier hôtel venu, il est bien assez cher mais bon, je suis claqué, tout est trempé, il pleut d'ailleurs encore, et j'ai la flemme de chercher plus loin.

Samedi 25 juin

J'avais trouvé un AirBnB pas cher sur internet, mais impossible de payer... ils ne prennent pas le cash, le propriétaire habitant St-John (sur l'île de Terre-Neuve, à des milliers de kms de là...) et ma carte refuse obstinément de fonctionner. Je suppose que j'ai atteint une limite de retrait, pas vraiment étonnant avec l'achat de la voiture effectué ce mois. Tant pis de toute façon Happy Valley ne m'inspirait pas plus que ça, c'est l'une de ces innombrables villes sans âme (en apparence du moins, il n'y pas de centre-ville, quasiment pas de restos, peu de magasins, bref pas grand chose à part des maisons en plastique) que l'on trouve un peu partout au Canada, surtout dans les parties anglo-saxonnes. Je décide donc de poursuivre ma route en direction de l'Anse-au-loup et de Blanc-Sablon, via la Trans-Labrador côtière qui, après avoir atteint l'extrême est de la province, redescend au sud.

J'avais l'intention de camper ce soir mais... j'ai vu quatre ours noirs en moins d'une heure en fin de journée...j'aime bien les ours, mais  il y a des limites quand même ! Ajouté à cela, l'infestation ahurissante de mouches noires et de moustiques, et le fait qu'il est tout bonnement impossible de garer un véhicule ailleurs que sur la route, j'opte pour une nouvelle nuit de sommeil dans la voiture, sur l'une des très rares aires de repos. Par aire de repos, il faut comprendre : terrain vague non goudronné muni d'une poubelle anti-ours... bon, ce n'est clairement pas très glamour mais au moins je dormirai à l'abri des insectes affamés et des ours ! La belle rivière toute proche compense un peu, voilà qui donne bien envie d'aller taquiner la truite !
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Sam 9 Juil - 20:41
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Dimanche 26 juin

La route se poursuit, interminablement. C'est vraiment immense, les forêts dans l'ouest laissent peu à peu place à de la taïga, les arbres sont de plus en plus rabougris ; partout, des tourbières et, ici et là, de gros névés qui révèlent qu'ici, l'hiver n'est jamais bien loin. Je m'arrête ici et là, lorsqu'il y a un sentier pédestre permettant de découvrir un peu la région. J'ai fait un détour par la route 516, qui mène à Paradise River et, plus loin, à Cartwright qui marque la fin de cette voie. C'est très beau, il n'y a aucune infastructure touristique, ni restaurants ni motels, bref, guère moyen de s'y attarder.

Après une nuit dans un motel à Port-Hope Simpson, j'ai le plaisir d'admirer mon premier iceberg à Mary's Harbour. A Red Bay, je tente de faire un tour en bateau pour aller voir de plus près des icebergs et, qui sait, une baleine ou deux bien qu'il soit encore très tôt dans la saison. Malheureusement il n'y a pas assez de réservatons pour que le bateau quitte le port et la météo n'est de toute façon pas très favorable. Je poursuis ma route jusqu'à West St-Modeste et, vu la météo très pluvieuse, m'installe dans un motel à peu près abordable.

Lundi 27 juin

Il vente en tempête, il pleut bien et il fait vraiment frisquet ; je décide de rester la journée et une autre nuit au motel, voilà qui me donne l'occasion de mettre un peu mon journal et le forum à jour.

Mardi 28 juin

Un petit bout de route jusqu'au mythique Blanc-Sablon, village perdu au milieu de rien face à Terre-Neuve, et qui a longtemps marqué la fin de la route. Au fil des ans et de mes différents voyages dans le pays, je l'ai souvent lorgné sur la carte, imaginant et rêvant au périple de plusieurs milliers de kilomètres via le Labrador qui, seul, permet d'y accéder. Eh bien voilà, j'y suis !!

La côte est splendide, sauvage, et le temps s'est remis au beau. Sur un coup de tête j'ai décidé de prendre le ferry pour Terre-Neuve, non sans avoir enfin pu faire effectuer une vidage de ma brave petite auto qui me la demandait depuis Baie-Comeau...

J'ai eu le plaisir d'avoir un coup de fil d'Elena, aujourd'hui, et visiblement nous nous réjouissons tous deux de nous revoir. Je vais donc la rejoindre aux environs du 10 juillet, du moins si je parviens à dégotter une place sur le navire qui, je viens de le découvrir, relie Blanc-Sablon au Havre Saint-Pierre. Cela me laisse une bonne semaine pour me ballader sur Terre-Neuve, de quoi me faire une première idée de ce vaste coin de pays.

Mercredi 29 juin

Je suis monté tout au nord de Terre-Neuve, en direction de Saint-Anthony, jusqu'à me trouver un petit coin à l'écart de la route pour y faire un somme. La nuit était tombée et je n'ai pas fait le difficile mais, au matin, j'ai la belle surprise de découvrir, à quelques 50 mètres de là, une vue somptueuse sur une baie pleine d'icebergs ! Magique et magnifique...

Après diverses petites ballades sur de courts sentiers pédestres aménagés, je poursuis la route jusqu'à l'Anse aux Meadows, un site devenu célèbre suite à la découverte des vestiges d'un village Viking datant de bien avant la découverte "officielle" des Amériques par Christophe Colomb. Une intéressante reconstitution du village a été construite, mais j'y arrive bien après les heures d'ouverture. Et quelque part c'est tant mieux, même s'il n'est pas possible de visiter l'intérieur des maisons aux toits de terre, le site est totalement désert et je ne risque certainement pas de m'en plaindre !

Jeudi 30 juin

Je redescends tranquillement jusqu'à Port-au-Choix, où je loue une chambre dans un motel. Je profite de la région magnifique en me balladant à divers endroits. Par contre, le navire reliant Blanc-Sablon au Havre Saint-Pierre est complet jusqu'au 7 octobre... voilà qui fait quand même une attente un peu longue pour moi ! Après un examen attentif de la carte, je découvre qu'il y a un autre ferry reliant Port-aux-Basques, tout au sud de Terre-Neuve, à North Sydney, en Nouvelle-Ecosse. Moyennant quelques 500 kms pour rejoindre le port du sud, une traversée en ferry de 7 heures et quelques milliers de kms pour traverser la Nouvelle-Ecosse, le Nouveau-Brunswick et faire le tour de la Gaspésie avant de prendre le ferry à Matane pour rejoindre la Côte-Nord à Godbout, à un peu moins de 200 kms de Sept-Îles, je devrais arriver à temps...

Cette option me plaît bien mieux que celle consistant à refaire le chemin de l'aller en sens inverse mais, en revanche, j'ai moins de temps que prévu pour visiter Terre-Neuve. Tant pis, c'est vraiment très beau mais c'est aussi la pleine saison touristique et donc, très cher et blindé de touristes venus avec leurs énormes campings-cars. Il est difficile de trouver un coin hors de la route qui ne soit pas déjà occupé par ces véritables villas ambulantes, pour ne pas parler des campings où le pauvret qui planterait sa tente se retrouverait littéralement emmuré au milieu d'une légion de ces monstres.
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Sam 9 Juil - 22:04
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Vendredi 1er juillet

Avant de prendre la route our le sud, je vais me ballader de bonne heure à Pointe-Riche, un parc national abritant de nombreux caribous. Je n'ai pas vu le bout de la queue de ces animaux, mais les paysages sont grandioses et valent bien le détour à eux seuls.

Je n'avais absolument pas prévu d'arriver jusqu'à Port-aux-Basques aujourd'hui mais, finalement, la route se fait bien et, à moins d'être assez aisé pour se payer un trajet en hélicoptère ou en hydravion, il n'y a pas mille choses à faire au sud de Deer Lake. Ô surprise, je parviens sans mal à obtenir une place sur le ferry qui part le soir-même ! Je dois avouer être un peu soulagé, j'aurais fait une drôle de tête s'ils m'avaient aussi dit être complets jusqu'à début octobre... What a Face

Le premier juillet étant accessoirement la fête nationale du Canada, nous avons droit à un beau feu d'artifice alors que nous attendons l'embarquement sur le ferry. Voilà qui meuble agréablement les longues heures d'attente puisque le départ de bateau est prévu aux environs de minuit.

Samedi 2 juillet au mardi 5 juillet

Le ferry accoste aux environs de sept heures du matin, ce qui me laisse largement le temps de faire un bout de route. La région est très jolie, maisons et jardins semblent rivaliser de coquetterie, densément peuplée et autant, si ce n'est plus, touristique que Terre-Neuve. Au soir, je parviens au petit village de Seafoam où je me dégotte, chez des particuliers, l'un de ces monstrueux camping-cars à louer à un prix tout à fait raisonnable. Vu que j'ai bien plus rapidement avancé que prévu, je décide de me poser là deux jours, une bonne halte de temps en temps fait du bien !

Le mardi 5 juillet, je reprends la route pour traverser le Nouveau-Brunswick, où je ne compte pas m'attarder puisque j'ai déjà eu la chance de pas mal le visiter lors d'un précédent voyage en famille. Je fais en revanche un petit détour par le village de Joggins, sur les rives de la baie de Fundy, où il y a des falaises fossilifères classées à l'UNESCO que je ne me souviens pas avoir vues. Là encore le paysage est très beau, les falaises sont impressionnantes et les fossiles nombreux, comme on peut s'y attendre. Par contre, gare à la marée, 10,8 mètres prévus aujourd'hui, mieux vaut ne pas trop s'éloigner de l'un des rares accès permettant de descendre ou redescendre les falaises... Il y a aussi un très chouette petit musée qui expose bon nombre de fossiles extraordinaires ; quelques 40 forêts de fougères géantes à graines ont été répertoriées sur les 15 kms de falaises et il y a au musée quelques parties impressionnantes de ces véritables arbres pouvant atteindre une quinzaine de mètres de haut. Après cette super visite, je poursuis la route jusqu'à Percé, en Gaspésie, où je m'arrête pour la nuit.

Mercredi 6 juillet

Une petite halte pour admirer le célèbre rocher percé puis, au vu d'un panneau en bord de route, une autre au Grand-Saut de la rivière Madeleine. Ce dernier n'est accessible que par une bonne dizaine de kilomètres de piste défoncée, comportant quelques pentes si raides que je me demande vraiment si je vais pouvoir les remonter avec ma petite voiture...

La rivière et sa chute de 25 mètres sont superbes, et le gardien des lieux est aussi sympa que passionnant. Nous ne sommes que trois à avoir bravé la piste, aussi prend-il son temps pour nous raconter l'histoire du lieu et son travail de préservation des saumons Atlantiques. Une impressionnante passe migratoire creusée dans la montagne et comprenant quelques 80 bassins permet aux saumons d'aller frayer en amont de la chute, dans des eaux bien plus propices que le pied de la chute qui était leur terminus avant 1960. Le courant y est si fort qu'il emportait une bonne partie de leurs oeufs, et l'introduction par l'homme de la truite arc-en-ciel n'a rien arrangé puisque ce redoutable prédateur rafole des oeufs de saumon. Au passage de la passe migratoire, tous les poissons sont retenus le temps d'être comptés et les truites arc-en-ciel sont euthanasiées puis données à des familles à bas revenu de la région. Grâce à tout ça, la population de saumons qui remonte chaque année la rivière a quadruplé et l'amont reste protégé des truites invasives. Voilà une belle initiative de protection de l'environnement, à mon sens !
Chris
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Chris Sam 9 Juil - 22:11
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Jeudi 7 juillet à Samedi 9 juillet

J'ai fait la route jusqu'à Matane, puis suis revenu un peu en arrière, à St-Félicité, pour loger à l'Auberge de Jeunesse, plus clémente que les hôtels et motels pour mes finances. Située au bord du St-Laurent, elle bénéficie d'une superbe vue et possède un chouette resto qui sert de bons petits plats à prix doux. Que demander de plus ?

Samedi, j'ai fait une excursion à l'intérieur des terres, pour aller voir d'un peu plus près les Appalaches et le lac Matapédia. Très chouette coin, agricole et un peu moins excessivement touristique que la côte de Gaspésie, qui prend vraiment des allures de côte d'Azur par moments. Il existe un très long chemin de randonnée (plusieurs semaines pour le faire en intégralité, vraisemblablement ) traversant les Appalaches, voilà un périple qui me tenterait bien à l'occasion !

Dimanche 10 juillet à ...

De retour à Sept-îles, pour un séjour d'une durée indéterminée cette fois, pour donner un coup de main à l'Auberge de Jeunesse "Le Tangon". Le désherbage de l'extérieur m'a bien occupé durant quelques jours, puis nous nous sommes attaqués avec Paul, le bricoleur attitré des lieux,à refaire le toit d'une véranda qui fuyait de partout. Nous attendons le prochain gros orage avec impatience, avons-nous réussi notre mission ? Affaire à suivre...

J'ai rencontré Fédor, le fils d'Elena venu quelques jours en visite, puis Bruno et Lydia, des amis Montréalais d'Elena très sympathiques qui sont venus la trouver durant quelques jours. Beaucoup de belles soirées animées, aussi bien avec les employés de l'Auberge qu'avec des clients.
Message  Re: Une petite histoire, Canada 2022, Chris  par Contenu sponsorisé
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